• L'État peut-il respecter le principe du bien commun ?

    Dans un article précédent, je me suis demandé si l'État peut respecter le principe de base de la DSÉ, le principe personnaliste. Ma réponse était franchement négative : les États sont dirigés par les "chefs des nations qui commandent en maîtres", par les "grands qui "font sentir leur pouvoir", pour reprendre les paroles du Christ. De ce fait, les États ne peuvent pas respecter les droits naturels des personnes humaines, notamment la liberté et la propriété de celles-ci.

    Le présent article vise à évaluer la capacité de l'État, quel qu'il soit, à respecter le principe du bien commun.

    En première lecture, le Compendium peut laisser penser que l'État, non seulement est en mesure de respecter le bien commun, mais encore qu'il est indispensable pour parvenir à atteindre ledit bien. Voici, notamment, le texte intégral des paragraphes 168 et 169.

    168 La responsabilité de poursuivre le bien commun revient non seulement aux individus, mais aussi à l'État, car le bien commun est la raison d'être de l'autorité politique. À la société civile dont il est l'expression, l'État doit, en effet, garantir la cohésion, l'unité et l'organisation 356 de sorte que le bien commun puisse être poursuivi avec la contribution de tous les citoyens. L'individu, la famille, les corps intermédiaires ne sont pas en mesure de parvenir par eux-mêmes à leur développement plénier; d'où la nécessité d'institutions politiques dont la finalité est de rendre accessibles aux personnes les biens nécessaires — matériels, culturels, moraux, spirituels — pour conduire une vie vraiment humaine. Le but de la vie sociale est le bien commun historiquement réalisable.357

    169 Pour garantir le bien commun, le gouvernement de chaque pays a pour tâche spécifique d'harmoniser avec justice les divers intérêts sectoriels.358 La juste conciliation des biens particuliers de groupes et d'individus est une des fonctions les plus délicates du pouvoir public. En outre, il ne faut pas oublier que dans l'État démocratique, où les décisions sont prises d'ordinaire à la majorité des représentants de la volonté populaire, ceux à qui revient la responsabilité du gouvernement sont tenus d'interpréter le bien commun de leur pays, non seulement selon les orientations de la majorité, mais dans la perspective du bien effectif de tous les membres de la communauté civile, y compris de ceux qui sont en position de minorité.

    De nombreux autres passages du Compendium justifient l'intervention de l'État dans la vie économique et sociale et semblent alors accréditer l'idée qu'il puisse respecter le principe du bien commun. Ainsi, peut-on lire, au paragraphe 351 (consacré à l'action de l'État) : « L'État a le devoir de soutenir l'activité des entreprises en créant les conditions qui permettent d'offrir des emplois, en la stimulant dans les cas où elle reste insuffisante ou en la soutenant dans les périodes de crise. L'État a aussi le droit d'intervenir lorsque des situations particulières de monopole pourraient freiner ou empêcher le développement. Mais, à part ces rôles d'harmonisation et d'orientation du développement, il peut remplir des fonctions de suppléance dans des situations exceptionnelles ».734

    Une lecture plus approfondie (et faisant appel à la logique) du Compendium, notamment des textes relatifs à ses principes et valeurs, nous amène à un point de vue bien différent. C'est, par exemple, le cas de la première phrase de l'article 135 : "L'homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image: 251" Comme nous l'avons vu dans mon article précédent ("L'État peut-il respecter le principe personnaliste ?"), l'État piétine la liberté des citoyens. Dans ces conditions, l'homme ne peut tendre au bien, au bien commun.

     

     

     

    355Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1910.
    356Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 74: AAS 58 (1966) 1095-1097; Jean-Paul II, Encycl. Redemptor hominis, 17: AAS 71 (1979)
    295-300.
    357Cf. Léon XIII, Encycl. Rerum novarum: Acta Leonis XIII, 11 (1892) 133-135; Pie XII, Radio-message pour le 50ème anniversaire de l'encyclique « Rerum novarum »: AAS 33 (1941) 200.
    358Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1908.

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